Antwerp - La Cathédrale




Une cathédrale n'est jamais isolée. À cause de la sécularisation et de l'urbanisation moderne nous oublions qu'auparavant que l'église principale d'une ville s'occupait de nombreux services sociaux et culturels. Il y avait l'éducation (l'école paroissiale ou 'papenschool'), le chant chorale (la maîtrise de la cathédrale ou la 'choraelhuys'), l'aide aux pauvres (la 'Table du Saint-Esprit'), les soins dispensés aux malades (hôpital de Notre-Dame) et aux morts (les cimetières, comme actuellement la Place Verte). Plus tard s'ajouteraient encore le palais épiscopal, une bibliothèque publique et le séminaire diocésain. C'est surtout pendant les concerts de carillon du lundi soir en été, qu'on se rend compte de l'intégration de cette église dans son environnement et dans l'activité citadine.

Historique
L'histoire de la plus grande église des anciens Pays-Bas débute en 1124. Une vieille chapelle devient église paroissiale, et est rapidement remplacée par une église de dimensions respectables en style roman. Celle-ci est remplacée à son tour à partir de 1352 par l'église gothique que nous connaissons. Il faudra 170 ans pour l'achever dans sa forme actuelle. Mais à une époque où Anvers est une grande ville européenne, l'empereur Charles V voit grand. Il veut faire de cette église de 119 m de long, d'un toit de plus d'un hectare et aux 128 fenêtres, un édifice immense digne d'une exposition universelle. À notre époque encore, le tracé des rues du côté est de l'église est déterminé par ce rêve grandiose, qui sera toutefois arrêté par un terrible incendie en 1533.
À défaut d'étendre son envergure, l'église rehausse sa position hiérarchique en étant choisie quelques années plus tard comme siège de l'évêché. C'est la 'chaire' de l'évêque qui en fait une cathédrale, sans que cela impressionne le moins du monde les instigateurs calvinistes de l'iconoclastie (1566 et 1581). Un nouveau courant artistique souffle avec la restauration catholique de 1585, dans l'esprit de la Contre-Réforme: le baroque.
L'église est entièrement pillée pendant la période française à la fin du XVIIIième siècle et il est même question de la démolir! L'architecte de la ville Jan Blom a heureusement l'adresse de reporter ce projet aux calendes grecques. La cathédrale est remise à neuf au XIXième siècle: du mobilier ancien est acheté à des couvents désaffectés, des meubles neufs sont commandés dans un style néoclassique d'abord, puis à profusion en style néogothique (les monumentales stalles du choeur, plusieurs autels latéraux et les portails). Anvers redevient un évêché autonome en 1961. Le gouvernement provincial d'Anvers décide alors de restaurer entièrement la cathédrale. Ce projet gigantesque continuera encore juesqu'en 2010. Une chance pour les archéologues, car que n'a t-il pas déjà été exhumé!

Tour de Notre-Dame
Le clocher unique si élégant de Notre-Dame est le symbole d'Anvers par excellence et un objet de fierté pour les 'Sinjoren' (='Seigneurs', c.-à.-d. les Anversois). La construction de l'église atteint son point culminant en 1518: 123 mètres. On a peine à croire qu'un clocher à la base aussi large puisse s'élancer avec tant de finesse vers le ciel, comme pour indiquer la voie du paradis. Il mérite une plus grande renommée pour le seul fait qu'il représente l'idéal de l'architecture gothique!
À l'intérieur, on est comme écrasé par cet espace exceptionnellement vaste de 7 nefs et 48 piliers: une véritable forêt de pierre. C'est cet effet de grandeur qui fait la particularité de la cathédrale d'Anvers.
La cathédrale recèle en outre de grands trésors artistiques qui illustrent l'histoire d'Anvers, des premiers missionnaires qui accueillent le visiteur au porche principal jusqu'aux personnages princiers qui ont voulu se faire immortaliser dans les riches vitraux. Le simple, contraint de gagner son pain quotidien, s'identifiera plus facilement à la fierté avec laquelle les artisans faisaient figurer leurs outils sur les peintures de voûte: un hommage sublime au travail humain élevé jusqu'au ciel!

Rubens
La cathédrale est principalement connue pour les tableaux de Rubens comme "L'érection de la Croix" et "La Descente de la Croix", des scènes dramatiques qui nous invitent à revivre l'événement de la passion et de la mort du Christ. Pas de 'l'art pour l'art' donc, ces créations mondialement connues de Rubens, avec leurs merveilleuses couleurs et leur composition diagonale typiquement baroque.
D'autres objets contenus dans la cathédrale méritent le détour, comme l'étonnante chaire de vérité (M. van der Voort, 1713), qui porte le message chrétien sur les quatre continents. Même les oiseaux et les écureuils écoutent avec attention. N'est-il pas vrai que la beauté inégalable de cette cathédrale devrait être proclamée avec plus de conviction?